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Brève histoire du village de Gesnes-en-Argonne

Gesnes-en-Argonne est un village typique de l'Argonne avec son ruisseau et sa vallée ainsi que ses nombreuses collines. La Perrière est le point culminant à 254,50 mètres d'altitude. Gesnes est véritablement dans un fond de vallon dont le clocher sympathique émerge, seul visible de loin.

On le surnommait en 1900 : le pot de chambre de la Meuse tellement le village était sale. Mais Gesnes s'est bien rattrapé depuis puisque le village a obtenu le premier prix du canton pour son fleurissement en 2003. Prix bien mérité tellement Gesnes s'est embelli. Les habitants de Gesnes aiment leur village, que l'on demande aux jeunes comme aux anciens.

Le nom lui-même de Gesnes a évolué au cours des siècles : du Iennas d'origine il est passé par Gennas, Jemmas, Giennes, Gênes… pour devenir enfin en 1922 Gesnes-en-Argonne. De 1973 à 1987 ce fut Romagne-Gesnes puisque Gesnes fusionna alors avec Romagne. Depuis 1987, c'est à nouveau Gesnes-en-Argonne.

L'histoire de Gesnes remonte aux plus anciens temps puisqu'on a trouvé sur le territoire de Gesnes des débris de grandes tuiles creuses sur des emplacements de métairies gallo-romaines, destinées à l'exploitation du sol.

Son histoire est ensuite étroitement mêlée à celle de Montfaucon puisque Gesnes dès la création de Montfaucon par Saint-Baldéric en 597 fit partie du territoire des moines de Montfaucon avec les villages qui formaient ce qu'on appela par la suite le Septiminium : Gesnes, Ivoiry, Septsarges, Epinonville, Gercourt, Drillancourt, Cuisy. L'empereur Charlemagne de passage à Montfaucon vers l'an 800, rétablit la collégiale Saint-Germain de Montfaucon et les chanoines qui la dirigeaient dans leur privilège d'être le seul et unique seigneur du Septiminium. Les chanoines percevaient la dîme, les terrages… Un prévôt était alors responsable des affaires temporelles. Gesnes faisait partie de la Grande Prévôté de Montfaucon, bailliage de Vermandois, évêché de Reims sous le vocable de Saint-Pie 1er. De ce fait Gesnes n'eut jamais d'autre seigneur que les chanoines, bien que des familles d'origine noble y aient habité : les de L'Escamoussier, les de Niger, les de Bongard…

Un oratoire primitif dédié à Saint-Pie 1er, le patron de la paroisse, existait dès les origines. Un lieu-dit le Château subsiste encore à Gesnes. De même que l'emplacement du lavoir s'appelait la fontaine du Cloître, laissant supposer une implantation religieuse à un moment donné. Les chanoines rendaient aussi la justice pour Gesnes. Le Septiminium dépendait alors de l'évêque de Reims et de la région de Champagne jusqu'à la Révolution. Gesnes, comme toute la région, traversa des périodes difficiles : l'invasion des barbares, l'invasion des Normands qui remontèrent la Meuse, la guerre de Cent Ans, la guerre de Trente Ans… Le village fut pillé et détruit à de nombreuses reprises. Après la guerre de Cent Ans, Gesnes fut rayé de la carte durant 60 années. Gesnes connut aussi la famine et les grandes épidémies qui décimèrent la population.

Après l'oratoire primitif dédié à Saint-Pie, une église fut construite mais elle sera toujours pauvre. Au XVIIe siècle elle sera reconstruite, puis en 1888, puis en 1930 après sa destruction par la guerre. Le premier curé de Gesnes connu fut Jean-Laurent Bernier en 1683. Le dernier sera Scipion-Léon Béchet en 1907. Par la suite la paroisse de Gesnes dépendra de Cierges, puis de Romagne et enfin de Brieulles.
En 1790, les chanoines sont chassés de Montfaucon et tous leurs biens vendus. Le département de la Meuse est créé et Gesnes comme les villages dépendant des chanoines y est rattaché. Gesnes a un maire et fait alors partie du canton de Montfaucon avec 18 autres communes. Le premier maire s'appelle Oudiette. A Gesnes la Révolution ne passe pas inaperçue. Les habitants rédigent un cahier de doléances et créé une garde nationale. Un arbre de la liberté est planté.

Puis viendra le triste temps des guerres. 1870 comme 1914 n'épargne pas Gesnes. Un passage de 6000 hommes de troupe allemands a lieu en août 1870, un général allemand dort à Gesnes. Le village est pillé. Le 2 septembre 1914 se déroule la bataille de Gesnes pour les Allemands et de Cierges pour les Français. Les Français après avoir repoussé l'ennemi organisent finalement leur retraite stratégique préparatoire à la première bataille de la Marne. Du 2 septembre 1914 au 5 octobre 1918 Gesnes vivra alors sous le joug allemand. Les rues seront rebaptisées et les habitants devront vivre à l'heure allemande. Beaucoup d'habitants seront évacués. Gesnes sera totalement détruit et reconstruit de 1922 à 1930 grâce aux dommages de guerre. Le village a perdu une grande partie de ses habitants. En 2005, il est encore très ordinaire de retrouver sur le territoire de Gesnes des vestiges de la Grande Guerre : casques, baïonnettes, fusils, éclats d'obus… Gesnes sera libéré par l'offensive américaine Meuse-Argonne du 26 septembre au 11 novembre 1918. Dés le 29 septembre le 362ème régiment d'infanterie U.S. libère Gesnes. Un soldat de ce régiment, Henry Boyd, a immortalisé cet exploit par une stèle apposée sur le mur de l'église. Trop avancé, ce régiment devra reculer pour reprendre Gesnes définitivement le 5 octobre 1918, mais Gesnes restera sous le coup des bombardements allemands jusqu'au début du mois de novembre 1918 et sera totalement détruit. A leur retour, les habitants devront vivre dans des baraquements autour du village. Un monument aux morts sera construit à la mémoire des dix soldats originaires de Gesnes et morts au combat devant l'ennemi. Mais le calvaire reprendra avec l'évacuation de 1940 et cinq années de guerre.

Les monuments de Gesnes : le monument aux morts, l'église reconstruite en 1930, la mairie-école reconstruite en 1922, le lavoir très ancien qui fut restauré en 1994, le cimetière qui se trouvait tout autour de l'église puis fut transféré en dehors du village pour des raisons d'espace et de salubrité en 1885.

En 1629, Gesnes compte 97 feux soit environ 450 habitants. Le nombre d'habitants diminuera constamment : 340 en 1806, 300 en 1861, 183 en 1901, 110 en 1936, 83 en 1954, 57 en 1962, 52 en 2004.

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